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Page:Leo - L Ideal au village.pdf/55

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— Si tu t’emportes comme cela tout de suite… Faut-il que je te construise une hutte dans la forêt ?

— Je veux que tu nous trouves, d’ici à huit jours, une petite maison isolée sur les coteaux. Encore ne suis-je pas sûre de pouvoir porter ma cousine Agathe tout ce temps-là.

— De quoi te plains-tu, puisque tu n’as pas Marius ? Ne vois-tu pas que cet adolescent m’a choisi pour son modèle, et que depuis ce matin je n’ai pu faire autre chose que de le promener dans Paris ? Enfin, nous allons chez Lilia ce soir. Ça nous changera peut-être un peu. »

On trouvait en effet chez Mme Delfons un intérieur très-différent de cette symétrie froide et glacée qui régnait chez les Darbault. C’était une négligence apprêtée qui cherchait la grâce, et particulièrement cette grâce languissante et échevelée, née de la poésie romantique.

Le meuble du salon, en palissandre et velours bleu ; les candélabres de bronze, le Penseroso surmontant l’heure, des copies d’Ary Scheffer, un piano de Pleyel, et, sur la table ovale qui occupait le milieu, de beaux albums jetés sans ordre autour d’une coupe de cristal contenant une branche de saule et quelques myosotis, tout cet ensemble offrait un caractère marqué et tout à fait en accord avec le ton, la mise et l’attitude de la maîtresse de la maison, — bien que des esprits tracassiers eussent pu trouver que ce luxe ne cadrait guère avec la dot de Lilia et les modestes ressources d’un médecin de campagne.

Grande et svelte, Lilia était gracieuse sans être