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Page:Leo - L Ideal au village.pdf/65

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Agathe enfin, après s’être fait prier longtemps et avoir protesté mille fois qu’elle ne pourrait chanter, dut à son tour montrer ses talents.

Hélas ! elle avait la voix aigre et l’oreille impitoyable ; mais ce n’était vraiment pas sa faute, puisqu’elle passait régulièrement par jour trois heures à son piano, avec un entêtement digne d’un résultat meilleur. Aussi Mme Darbault, qui évidemment avait le sens du juste plus développé que le sens musical, déclarait-elle qu’Agathe devait être forte et vivait-elle dans cette assurance paisiblement.

« Si nous dansions ? dit Marius en sortant d’une méditation.

— Vous n’êtes pas assez nombreux pour former une contredanse observa Mme Darbault.

— Pardon, maman, pourvu que mon père et toi vous soyez assez bons pour vous mettre de la partie. Voyons, l’on se dévoue à ses enfants. Donc, vous deux, M. Delfons et Cécile, Agathe et Lucien, Lilia et moi.

— C’est cela, et le piano tout seul.

— En effet, dit Marius, que je suis étourdi ! Il nous manque une dame ; où la prendre ? »

Il faisait semblant de chercher, et Lucien proposait une scotish, quand M. Delfons nomma Rose.

« C’est cela ! » s’écria le dissimulé collégien ; et il courut aussitôt chercher la belle ouvrière dans la chambre où elle achevait sa journée, qui durait jusqu’à huit heures.

Mais Rose savait trop bien ce qu’elle devait faire pour se rendre à l’appel de Marius, et il fallut que M. Delfons lui-même l’allât chercher. Marius, dépité,