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Page:Leo - L Ideal au village.pdf/74

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belle image, qu’elle voyait chaque matin dans son miroir, devait être conservée à l’admiration des hommes.

Rose voulut que Lucien commençât de suite ; mais il eut beaucoup de peine à l’empêcher de prendre une robe bleue très-voyante, qu’elle appelait sa belle robe, et de charger son cou d’une chaîne d’or. Il l’aimait mieux dans sa modeste robe brune, et voulait que rien ne brisât les lignes de ce cou ferme et pur, au bas duquel la collerette, entr’ouverte, fascinait le regard.

Dans toutes ces conventions préliminaires, qu’ils prolongèrent un peu, il y eut des regards et des sourires qui ravirent Lucien, car il se vit pardonné d’avance. Rose s’assit enfin au bord d’une petite charrette jetée sous l’arbre, siège rustique sur lequel le peintre désirait la représenter dans toute la vérité de la couleur locale, écossant des pois, ou occupée de quelque autre travail champêtre, avec la maison et le paysage pour fond du tableau.

Mais Rose ne l’entendait pas ainsi et fut indignée. Écosser des pois ! dans un portrait ! Voulait-on la rabaisser, ou se moquer d’elle ? Sous le regard soupçonneux et presque irrité de la belle fille, Lucien céda. Mais ce fut ensuite une autre affaire. Elle avait vu des lithographies du meilleur goût représentant des dames décolletées, avec des corbeilles de fleurs ou des tourterelles dans les mains, et elle eût bien voulu quelque chose de semblable, quelque chose enfin de distingué. Il chercha vainement à lui faire comprendre la supériorité du simple et du vrai. Un seul mot la persuada :