— Il croyait aussi pouvoir nous protéger plus longtemps, ajouta tristement Cécile.
— Je n’aurais jamais cru… » reprit M. Darbault d’une voix caverneuse.
Un regard de sa femme lui coupa la parole en lui signalant Françoise qui entrait.
« Mais, dit Lucien, nous ne considérons pas…
— Mon neveu, je vous prie, un peu de ce poulet, » s’écria Mme Darbault en couvrant de sa voix celle de Lucien.
Et se tournant vers la bonne :
« Françoise, allez vite vous habiller ; la messe va sonner. Nous prendrons le dessert nous-mêmes. »
Quand Françoise fut sortie :
« En vérité, dit-elle à son mari, tu es par trop imprudent ! Parle-t-on de ces choses devant les domestiques ?
— Nous ne prétendons pas en faire un secret, observa Lucien avec un rire un peu sec.
— Vous auriez tort, vous auriez tout à fait tort. On n’est pas obligé de dire ses affaires à tout le monde.
— Mon Dieu ! oui, vous savez ; le monde est ainsi : il n’estime que la fortune.
— Tant pis pour lui ! » s’écria Lucien, que l’air déconcerté de toutes ces figures finissait par mettre mal à l’aise.
On abandonna le sujet, évidemment pénible pour tout le monde, et le déjeuner s’acheva dans une causerie à bâtons rompus.