Page:Leo - L Ideal au village.pdf/82

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rent. — Pour ce qui est des conseils, bien entendu, — car ma fortune est aussi très-modique, et mes garçons me coûtent les yeux de la tête. Ce diable d’Arthur me ruine ; il prend tout, et je ne sais vraiment où je trouverai des ressources pour Marius, qui veut être médecin et aller étudier à Paris. Je suis bien heureux d’avoir un gendre comme Delfons, qui n’exige rien. Aussi, quand je vois Lilia faire de la dépense et n’avoir dans son ménage nulle économie, cela me cause un chagrin !… Si Agathe venait à se marier, je ne saurais pas non plus où prendre les dix mille francs de sa dot. Tout le monde voit cela, et les épouseurs ne se présentent pas. Et puis, qu’est-ce que ça dix mille francs dans un siècle comme le nôtre, où il faut tant de luxe, tant de toilette et où tout est cher ? La bourgeoisie se perd ; elle ne sait où elle va. Ces jeunes gens, ces jeunes filles se montent la tête ; ce qu’ont les uns, les autres le veulent, et nul ne s’arrête dans ce progrès-là. Un drôle de progrès ! car avec ça l’on revient d’où l’on était parti. Ce ne sont que dégringolades, et les vieilles familles s’en vont. — Enfin, voilà mon fils à l’école polytechnique ! Je lui ai mis une belle boule en main ; qu’il la fasse rouler. Il ne pourra pas me reprocher de n’avoir pas visé pour lui à ce qu’il y a de mieux. Il est là avec des fils de ducs, de sénateurs et des plus grands noms de France. Maintenant il me reste à pourvoir les autres ; mais je puis bien dire que je sais à peine comment je ferai. — Bah ! tout ça ne sont pas tes affaires, n’est-ce pas ? Tu voudrais une maisonnette… pas trop chère. Je vais m’informer de ça. Aujourd’hui, précisément, je