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Page:Leo - L Ideal au village.pdf/86

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vage et le regardait avec une douceur et une sympathie qui semblaient lui en demander pardon.

Jamais cet être souffrant et bizarre, qui redoutait presque la vue de ses semblables, n’avait été regardé ainsi. Ce qu’il lisait d’ordinaire dans les yeux de ceux qu’il rencontrait, c’étaient la défiance, l’ironie, la dureté, le plus souvent une curiosité maligne.

Ce regard d’affectueuse pitié, qui ne venait toucher à ses plaies secrètes qu’en les caressant, lui pénétra donc le cœur, et, trop ému pour trouver une parole, il ne sut que balbutier.

« Nous nous sommes déjà rencontrés, monsieur, dit Cécile.

— Oui ! ah oui ! murmura-t-il, dans le bois ; je vous ai fait peur.

— Pas précisément seulement ; j’ai été surprise ; je m’attendais si peu à trouver là quelqu’un. C’est moi qui vous ai dérangé, car vous étiez là assis et tranquille.

— Non ! non ! » balbutia Louis de Pontvigail.

Son attention venait d’être détournée par les rires étouffés d’Agathe et de Lilia, qui parlaient bas avec Lucien, et ses ombrageuses susceptibilités se réveillaient. Il recula, enfonça plus bas sur ses yeux son bonnet de soie noire et ne dit plus mot. Un instant après il s’éloignait en causant avec le docteur, et on ne le revit pas.

Après son départ, Deschamps alla s’asseoir derrière sa fille, sur la charrette.

« Tu n’as été guère aimable pour M. Louis, lui dit-il à l’oreille. Tâche une autre fois d’être plus