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Page:Leo - L Ideal au village.pdf/88

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avis sur de la peinture ; mais je connais le beau, et je dis que c’en est là, et que vous autres n’y entendez rien.

— À la bonne heure, madame Arsène, dit Lilia ; on reconnaît là votre jugement. »

Compliment qui fit rougir d’aise la personne à laquelle il s’adressait.

« Moi, si j’avais un crayon, j’essayerais d’en faire autant, » dit tout à coup un gars en blouse, qui avait regardé jusque-là sans mot dire.

Les autres éclatèrent de rire. Lucien retourna la tête, le regarda une minute et lui présenta un crayon et du papier. D’un air décidé, le garçon les accepta, alla chercher une planchette, s’accroupit par terre, et, regardant Rose, commença, insoucieux des quolibets qui pleuvaient sur lui.

« C’est plus difficile à faire que des pots, dis donc, Patrice ?

— Prends garde à ne pas mettre des anses au lieu de bras.

— Ce que c’est que l’ignorance ! dit Mme Arsène ; pauvre garçon ! »

Patrice, toutefois, allait son train. Il tâtonna d’abord, effaça, recommença ; mais au bout d’un quart d’heure, quand on l’avait oublié, il vint présenter à Lucien sa feuille de papier, sur laquelle se voyait, informe sans doute, mais ressemblante, la figure de Rose.

Ce furent alors des exclamations toutes différentes.

« Sur ma parole, il y a quelque chose en toi ! s’écria Lucien, qui passa l’esquisse à sa sœur. Tu n’as