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Page:Leo - Soeur Sainte-Rose.djvu/46

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l’impression en la voyant.

— Avez-vous compris, ma fille, l’étendue de votre faute ? dit-elle en entrant, d’un ton lent et dur. Vous avez commis l’acte de rébellion qui précipita dans l’enfer les mauvais anges, et vous avez manqué à vos serments envers le divin Époux, en attachant votre cœur à l’amour des créatures. La situation de votre âme, soumise au démon, me fait frémir. De peur que Dieu vous frappant dans sa colère, vous n’ayiez pas le temps de vous repentir, je veux bien suspendre pour une heure la réclusion que je vous ai imposée. Rendez-vous à l’église. Humiliez-vous, et pleurez votre crime. Votre confesseur va venir.

Que pouvait objecter une humble fille élevée dans ces croyances, et qui leur avait consacré sa vie ! Sœur Sainte-Rose se taisait ; jamais sa faute ne lui avait paru si grave, en effet, qu’en ce moment où les paroles de la supérieure lui en montraient la parenté avec l’acte de Satan lui-même. Le Diable est l’inventeur des révolutions, il n’y a pas à le nier. Et si la jeune religieuse eût été logique, un tel argument devait anéantir en elle tout esprit de révolte.

Mais son éducation l’avait, au contraire, soigneusement détournée du souci de coordonner ses idées et ses impressions. Il en résulta qu’effrayée dans sa conscience et subjuguée par l’ascendant de la Sainte mère, elle s’accusa, gémit, demanda pardon à genoux, en pleurant. — Mais quand elle vit la supérieure près de quitter la chambre, la pensée des enfants, exilés et