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Page:Leo - Une vieille fille.pdf/158

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qu’elle secourait, elle sut alléger son mal par des soins intelligents. Cependant, la nuit venue, le délire et la fièvre augmentèrent, et Marie s’effraya. Elle regrettait de n’avoir pas un médecin ; elle songeait à faire lever une femme de ses voisines. Mais Albert s’opposait à ce qu’elle s’éloignât. Et d’ailleurs pouvait-elle faire entendre à des oreilles étrangères ce qu’il disait dans son délire ? La question d’une séparation, qu’elle avait soulevée la veille, était l’idée fixe du malade ; il reprochait à Marie de ne pas l’aimer et de vouloir s’enfuir à Genève. « Si vous me quittez, disait-il, je me tuerai. » S’éloignait-elle seulement de quelques pas, il la rappelait à grands cris. Elle s’assit au chevet du lit en priant Dieu. C’était le cas d’être fervente. Albert lui faisait jurer de l’aimer toute la vie, et puis il la serrait passionnément sur son cœur. Marie ne parvint à le calmer qu’en l’entourant de ses bras, où il s’endormit. Ainsi penchée sur lui, en le regardant, elle sentait d’une manière plus vive l’amour ardent, profond et un peu ma-