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Page:Leo - Une vieille fille.pdf/169

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À ces paroles prononcées avec toute l’ardeur et tout l’enthousiasme de l’amour, l’émotion de Marie fut si vive, qu’elle pâlit et que sa tête se pencha sur l’épaule de son amant. Trop d’émotions contraires agitaient la pauvre femme. En même temps que l’amour d’Albert inondait son âme de ravissements, sa raison, ou plutôt le souvenir de ce qu’avait décidé sa raison, repoussait ce bonheur par une horrible violence. Les baisers d’Albert lui rendirent le sentiment de sa dignité, et bientôt elle retrouva le courage de ses résolutions. Mais, trop brisée pour entamer une lutte nouvelle, elle se contenta d’opposer quelques doutes aux espérances et aux projets de son jeune amant. Et, comme elle n’avait pu cacher sa faiblesse, elle ne nia point son amour. En la quittant, Albert, ivre d’enthousiasme, croyait à l’éternité du bonheur.

Le lendemain, il se leva dès l’aube, pressé qu’il était de jouir de la vie. En attendant Marie, il parcourut la maison et le jardin, mêlant ses