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Page:Leo - Une vieille fille.pdf/203

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saient tout à coup ; elle souriait, disait quelque douce ironie ; après quoi, elle fondait en larmes en l’embrassant comme un frère ou comme un fils ; elle se courbait, dans un mouvement de remords et de tendresse enthousiaste, jusqu’à ses genoux ; puis, pour calmer l’ivresse d’Albert, elle retrouvait le ton de cette aimable sagesse et de cette raison supérieure qui, dans les premiers temps de leur amitié, donnaient tant d’intérêt à leurs entretiens.

Quinze jours s’écoulèrent. Ils avaient oublié les peines de l’absence et parlaient surtout d’avenir. Albert s’étonna parfois de trouver Marie mystérieuse sur quelques questions ou insouciante sur d’autres ; mais il ne s’en occupa guère. Il n’habitait plus ce cercle d’intérêts, d’habitudes et de relations banales qu’autour de soi chacun nomme le monde ; il ne vivait que dans son bonheur. Il ne quittait plus Marie et ne bougeait de chez madame Müller, qui n’était plus revêche et l’appelait mon cousin. Il trouva tout simple que Frantz le remplaçât tout de suite à la