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Page:Leo - Une vieille fille.pdf/211

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propreté. Ici le héros est charmant, tendre, amoureux, dévoué, mais il travaille à la terre, conduit les bœufs, fait le ménage de sa vieille mère. On pense aux mains et aux ongles, mais l’auteur nous rassure, dans une très-jolie scène où la mère de Michel se plaint auprès de celle qu’il aime de toutes les prodigalités de son fils. « Figurez-vous, dit-elle, qu’il se ruine en parfumeries ; ne veut-il pas acheter un savon ? » Lucie rougit ; et nous, lecteurs, nous sommes tranquilles. Si un homme avait composé ce roman, il n’eût jamais songé à écrire une pareille scène. Tout est touchant, tout est noble dans cette histoire. Ou je me trompe fort, ou l’auteur du Mariage scandaleux sera un grand romancier, et il se fera une belle place entre Mme Sand et Mme Charles Reybaud.

Signé, Thycel.




EXTRAIT DU JOURNAL LE SIÈCLE
4 SEPTEMBRE 1863.


Walter Scott, dans une des notes de la Prison d’Édimbourg, rapporte l’histoire d’une pauvre folle, nommée Fannie, qui, entre les années 1767 et 1775, parcourait les districts montagneux de l’Écosse et de l’Angleterre, accompagnée d’un petit troupeau de brebis. Elle n’était pas née pour une telle condition. Fille d’un riche gentilhomme campagnard, elle tomba éprise d’un berger et voulut l’épouser.

Pénétré de la honte qu’une inclination si étrange infligeait à sa famille, son père, dans un accès de fureur, tire un coup de pistolet sur le berger et le blesse mortellement. Fannie accourt, elle se précipite auprès de son amant, qui expire entre ses bras en lui recommandant son troupeau. La malheureuse fille ne rentre pas sous le toit paternel : le désespoir lui ôte la raison ; elle ne se souvient que des dernières paroles de son amant ; elle rassemble les brebis, elle les chasse devant elle ; elle est devenue bergère.

Toutes les mésalliances n’aboutissent pas à de semblables cata-