Aller au contenu

Page:Leo - Une vieille fille.pdf/37

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

brisait le soir quand, du coin où j’étais, je les voyais caresser leurs enfants autour du foyer. Le régent et le pasteur m’aidaient de leur mieux ; ils m’ont prêté leurs livres, ils m’ont enseigné ce qu’ils savaient, et remontraient souvent à mon père qu’il devait me laisser suivre ma vocation. Enfin, mon père a consenti à me donner quelque argent et à me laisser partir ; mais il m’a défendu formellement de jamais revenir chez lui. Et je mourrais plutôt que d’y retourner.

— Vous êtes vraiment orphelin, dit mademoiselle Dubois d’une voix émue. Mais, croyez-moi, vous avez été jusqu’ici trop malheureux pour que vous ayez à l’être encore. Dieu vous a préparé par la souffrance à mieux goûter un bonheur que sa justice vous doit. Espérez.

— J’espère depuis que vous m’avez tendu la main, dit Albert. Maintenant, vous me l’avez assuré, j’ai une amie, je ne suis plus seul, et c’est un bonheur qui me fait espérer tous les autres.