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Page:Leo - Une vieille fille.pdf/82

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— Je vois à vos yeux que vous avez pleuré.

Mademoiselle Dubois rougit.

— La nature a sur moi beaucoup d’influence, répondit-elle. Seule, au milieu de ce ravin sauvage, la tristesse m’a saisie. J’ai revu le passé, j’ai contemplé l’avenir et, vous le savez, Albert, — si maintenant vous ne l’avez pas oublié, — l’amertume est dans la vie plus abondante que la joie. Tout cela m’a surexcitée ; cette imprudence que vous me reprochez, je l’ai commise sans y prendre garde. En tout autre moment, sans doute, je n’aurais pas osé. Mais, voyez-vous, Albert, on est bien léger quand aucune autre vie ne s’attache à la nôtre. C’est là le secret de ma hardiesse.

— Et c’est ainsi que vous comprenez l’amitié ! dit-il avec reproche.

Elle se leva sans répondre : ils remontèrent. Albert était affecté d’une manière douloureuse et désagréable. Il ne trouvait plus chez son amie l’égalité d’âme et d’humeur qu’il aimait en elle.