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Page:Leon Silbermann - Souvenirs de campagne, 1910.djvu/21

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SOUVENIRS


DE CAMPAGNE




ALGÉRIE


Dans cet ouvrage je m’efforcerai, en rassemblant mes souvenirs, de parcourir le même chemin que j’ai pu suivre pendant quinze ans de mon service militaire. Je n’ai pas toujours trouvé des roses sur ce long itinéraire qui commence dans le Sud-Oranais et, passant par le Dahomey, Madagascar, le Tonkin, la Chine, Quang-Tchéou-Wan, le Siam, vient se terminer en Cochinchine. Ce chemin assez tortueux fut plutôt semé d’épines, autrement dit de dangers et de souffrances qui sont complètement inconnus dans les pays civilisés.

Pendant la plus grande partie de ma vie militaire, passée en campagne, j’ai eu affaire à des hommes qui, à défaut de civilisation, sont des maîtres en fait de ruse, qualité que nous autres Européens, malgré la science et le progrès, ne possédons pas. C’est le seul hommage que je puisse leur rendre ; pour le reste, je les ai toujours plutôt plaints que blâmés.

Tout ne m’a pas souri dans cette existence. Trop souvent, hélas ! mon déjeuner fut le soleil et mon dîner la poussière. Homme impressionnable que j’étais avant (je me rappelle avoir pleuré à bord du Thibet en entendant chanter les matelots sur un ton plaintif