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Page:Leon Silbermann - Souvenirs de campagne, 1910.djvu/218

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exactement de même pour les Anglais, les Allemands, les Russes et pour toutes les troupes des autres nations présentes à Pékin. Il faut donc se résigner. Je vous promets que dès que faire se pourra, je vous en récompenserai largement ; d’ailleurs la compagnie a un gros boni et vous seuls en profiterez. Ayez du courage et patientez. — C’était bien parler, mais je me dis in petto : voilà ce que c’est que d’envoyer de trop jeunes soldats en campagne ! Et encore, nous étions pas mal d’anciens pour les encadrer...

A Pékin, le hasard me fit faire la connaissance d’un Chinois qui avait été témoin de l’assassinat du ministre allemand, le baron de Kettler. Je lui demandai de me montrer l’endroit du meurtre. Il m’y conduisit et me raconta la scène. Le diplomate se rendait à cheval au Tsong-Li-Yamen. Des soldats chinois se jetèrent tout à coup à la tête du cheval, firent tomber le cavalier et le tuèrent sauvagement à coups de baïonnette. A ce même moment, tous les ministres étrangers étaient réunis au consulat anglais.

Après la prise de Pékin, il fut établi que le prince Tuan était le principal auteur de l’insurrection des Roxers. Il avait réussi à persuader au généralissime Yung-Lu qu’il fallait s’emparer du gouvernement et que c’était le moment d’agir. Yung-Lu s’était laissé facilement convaincre ; il avait mis en mouvement une partie de son armée où se trouvaient plusieurs princes et tous marchèrent avec les Roxers.

Jusqu’au 24 septembre, jour où je quittai Pékin pour participer à une colonne dans l’intérieur du Petchili, les Dames de France ne nous avaient encore rien envoyé. Nous étions un peu déçus, car leur générosité nous avait toujours comblés dans les autres campagnes. Il faut dire aussi que nous savions par cœur notre menu de tous les jours. Le matin, du riz cuit à l’eau, et le soir... de l’eau bouillie avec du riz. En revanche, on nous sustentait par la lecture appétissante des ordres généraux, où il était souvent question des