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Page:Leon Silbermann - Souvenirs de campagne, 1910.djvu/233

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environ de Pékin, du côté de la Mongolie, et où sont inhumés les ancêtres de la dynastie actuelle. Le colonel Rondony fut chargé de s’y rendre avec sa colonne et de s’y établir jusqu’à nouvel ordre. Cette expédition dans l’intérieur du Petchili resta pour moi un véritable mystère. Dans mes autres campagnes, je savais toujours ce que nous faisions, où nous allions, mais cette fois je ne fus jamais renseigné sur rien. Qu’attendait-on de nous ? Et pourquoi ? Le colonel même ne le savait souvent pas. D’après les ordres reçus, nous marchions indéfiniment dans les montagnes ; nous les contournions ; nous faisions des marches et contre-marches. On formait à chaque instant de nouvelles colonnes ; on changeait de direction sans jamais savoir exactement le but poursuivi.

Le 30, nous reçûmes l’ordre de rejoindre Liou-Li-Ho. Pauvre compagnie ! De plus en plus elle allait en s’affaiblissant. Le capitaine avait une congestion du foie, le lieutenant avait la gale et le médecin-major... la fièvre. Je vis passer à Liou-Li-Ho plusieurs convois de malades anglais évacués en arrière. Le dernier comptait exactement trente, hommes. Chaque malade était porté par quatre coolies indiens dans un hamac de toile verte, carré et hermétiquement fermé. Comme je l’ai déjà fait remarquer, les Anglais et les Américains avaient en Chine des moyens de transport beaucoup plus pratiques que ceux des autres nations, mais l’organisation elle-même de leurs services de transport et de ravitaillement était très mauvaise et même dangereuse. Leurs convois étaient d’une longueur interminable. On aurait dit qu’ils employaient un régiment du train des équipages pour ravitailler un bataillon d’infanterie ; et ces convois sans fin n’étaient accompagnés que par quelques cavaliers qui, naturellement, ne pouvaient surveiller tout ; je me suis demandé souvent comment tout ce monde s’en serait tiré en cas de surprise ou d’attaque.

Le 1er octobre, je vis, pour la première fois, notre