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Page:Leon Silbermann - Souvenirs de campagne, 1910.djvu/240

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dans d’autres parties de la nécropole. La maçonnerie de chaque caveau ressemble à s’y méprendre à un réservoir d’eau de nos stations de chemin de fer, avec cette différence que le haut est fermé. Chaque groupe de tombeaux a sa garde spéciale armée de lances et de sabres.

L’annonce d’un convoi de Pékin nous mit l’eau à la bouche ; il était question de pommes de terre que les Dames de France faisaient parvenir au corps expéditionnaire. C’était une nouvelle et délicate attention de la part de ces Dames, si généreuses à l’égard des soldats. Dans nos troupes en campagne, elles sont justement populaires et leurs dons sont toujours appréciés… surtout quand ils parviennent. Cependant, notre ordinaire ne changea pas ; malgré l’avis reçu, nous restâmes toujours à la demi-ration. Les pommes de terre des Dames de France étaient parfaitement arrivées, mais c’étaient ces messieurs de l’arrière qui les avaient consommées… à notre santé.

En novembre, un grand nombre d’hommes furent atteints de la gale. En outre, la dysenterie régnait parmi les troupes qui occupaient les Tombeaux.

Sur ces entrefaites, la température descendit à 14 degrés au-dessous de zéro. À Mou-Ling, nous étions à 18 kilomètres de la Grande Muraille, qui séparait jadis la Mongolie de l’Empire céleste. Cette contrée, malgré l’importance que lui donnaient les sépultures impériales, était très pauvre et très peu habitée. La culture y était presque nulle. Nous étions littéralement encaissés dans les montagnes, à peu près comme à Lang-Son au Tonkin. La Grande Muraille, couronnant presque constamment les crêtes, se développe sur un parcours immense. Sa construction cependant n’a demandé, dit-on, qu’une trentaine d’années. Dans l’espace de deux mois et demi nous avons parcouru tout le Petchili jusqu’à la Mongolie. La fièvre typhoïde avait fait des victimes parmi nous. Dans ma compagnie, un caporal-fourrier nommé Hennik mourut de