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Page:Leon Silbermann - Souvenirs de campagne, 1910.djvu/252

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Xénophon dont ont dû sûrement s'inspirer tous ces chefs sous les ordres desquels j'ai servi dans mes campagnes outre mer : « On ne peut faire des hommes ce qu'on veut s'ils ne sont pas d'avance amis de leurs chefs ; le moyen d'en être aimé, c'est de se montrer leur ami, de veiller à leurs intérêts et à la satisfaction de leurs besoins, de se préoccuper sans cesse de leur santé et de leur sécurité. » Dans notre bataillon, le commandant Fonssagrives, le capitaine Koch (adjudant-major) et le capitaine Vautravers étaient admirables de dévouement pour nous. Malheureusement, dans l'armée coloniale comme ailleurs, on trouve des hommes qui ne comprennent pas la bonté de leurs chefs et restent insensibles aux marques de sympathie qu'ils en reçoivent. Il y a également, en campagne comme en garnison, des soldats grincheux par tempérament, que rien ne peut jamais contenter.

Un de nos missionnaires qui remplissait les fonctions d'aumônier dans notre régiment et qui résidait en Chine depuis plus de vingt ans, nous prédisait dans la région des Tombeaux une température prolongée dépassant vingt degrés de froid. C'était pour nous une jolie perspective. En attendant, nous nous tenions toujours sur nos gardes contre les attaques imprévues. Notre commandant ne croyait pas à une agression des Boxers dans cette saison glaciale, mais il exécutait les ordres du général en chef.

Maintenant qu'on a vu les Chinois à l'œuvre dans la résistance qu'ils nous ont opposée et qu'on a pu apprécier ainsi certains traits de leur caractère, il convient de compléter quelques aperçus que j'ai déjà donnés sur les coutumes et les traditions de ce peuple.

Sous des dehors qui paraissent à certains points de vue presque barbares, la Chine possède une civilisation très réelle, dont l'origine se perd dans la nuit des temps et dont le caractère propre et tout à fait curieux est d'être restée stationnaire pendant des milliers d'années. D'ailleurs, il faut peut-être attribuer cet état de