Aller au contenu

Page:Leon Silbermann - Souvenirs de campagne, 1910.djvu/271

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

du dernier ridicule. La plupart des puissances avaient retiré leurs troupes de Pékin, les envoyant, les unes en Mandchourie. les autres au Japon, ou ailleurs ; d’autres les avaient rappelées en Europe. Et cela, au moment où un grand nombre d’Européens et de Chinois suspects de sympathies pour nous étaient menacés d’être massacrés dans l’intérieur du Petchili. Il est donc permis de supposer que les puissances avaient envoyé des troupes en Chine, non pour accomplir une œuvre humanitaire, mais pour se partager éventuellement le territoire. Chacune cherchait naturellement le plus gros morceau. Mais les Chinois, auxquels on n’en remontre pas en fait de malice, eurent vite fait de percer à jour ce petit jeu des puissances et de tirer tout le parti possible de leurs rivalités. Et, ma foi, il est bien difficile de leur en vouloir.

Quoi qu’il en soit, les dix mille hommes dont le départ pour la France était décidé et fixé au 6 avril, étaient encore en Chine le 2 mai.

En attendant la signature de la paix, le sang européen continuait de couler. Témoin les convois de malades et de blessés que nous voyions passer, venant de la colonne du Chan-Si et se rendant à Pékin. Et combien de centaines de jeunes gens, depuis la prise de Pékin jusqu’à la signature du traité de paix, se sont endormis pour jamais sur la terre chinoise, les uns tués par les balles ou traîtreusement assassinés, les autres morts de maladies ou de privations ! A qui la faute ? Pas à nous, assurément. Car depuis le commencement jusqu’à la fin de la campagne, nous n’avons eu d’autre pensée que de nous dévouer pour la cause de la civilisation qu’on nous disait en péril. Et l’on chercherait vainement à prouver que nos chefs ou nous-mêmes ayons tiré un avantage quelconque de cette coûteuse et douloureuse aventure. Comme trop souvent, c’est la direction politique qui seule a fait défaut.

Le 10 mai seulement, le régiment de la Métropole