Aller au contenu

Page:Leon Silbermann - Souvenirs de campagne, 1910.djvu/292

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de rechercher les armes cachées et aussi des couvertures pour les troupes, en prévision de l'hiver que l'on savait très rigoureux. Voilà comment cet exercice légitime et indispensable du droit de la guerre a été pratiqué ; nous sommes loin, on le voit, de l'histoire de pillage ne reposant sur rien et imaginée de toutes pièces par des publicistes sans bonne foi,

On ne saurait trop répéter aussi que les troupes françaises ont protégé les Chinois et les ont souvent empêchés d'être molestés. Je me permets même d'ajouter que l'autorité supérieure a montré une indulgence et une bonté d'âme que je n'ai pas toujours comprises. Tandis qu'en plein jour on assassinait nos camarades, nous distribuions du riz à des indigents ou soi-disant tels, qui pouvaient être les complices des meurtriers. On avait l'ordre formel de toujours payer le prix demandé par les marchands, même quand ce prix était indécemment exagéré. Toute réclamation faite par un Chinois était bien accueillie a priori et l'on punissait sévèrement celui qui en était l'objet. Dans les cantonnements tout le monde était rigoureusement consigné ; pour sortir, même en service commandé, il fallait se munir d'une autorisation écrite. Et si, par exception, quelques hommes ont pu enfreindre cette consigne, ils l'ont toujours chèrement payé ; les listes des condamnations prononcées par le conseil de guerre du corps expéditionnaire sont là pour en témoigner.

Le 2 juin, j'embarquai sur le Tanaïs qui nous conduisit jusqu'à Nagasaki (Japon) où le paquebot Natal devait nous attendre pour nous ramener en France. L'amiral Pottier vint nous faire une visite d'adieux, pendant que le Redoutable (navire-amiral) nous saluait par des coups de canon. Ce fut le tapage d'un bombardement général, car à peine ce navire eut-il terminé son tir de salut et hissé le grand pavillon, que tous les navires étrangers en rade arborèrent nos couleurs au grand mât et nous saluèrent de même. Notre paquebot