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Page:Leon Silbermann - Souvenirs de campagne, 1910.djvu/51

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l’arme de la main, et donné une explication qui parut le satisfaire. Je jugeai utile de ne point m’attarder. Un mois plus tard, j’avais des preuves que les soupçons de l’Arabe étaient parfaitement justifiés.

Quant à moi, qui avais complètement oublié le conseil de Saïda : — N’entre jamais dans un gourbi sans y être invité ; ne regarde jamais la femme d’un Arabe en face, — je me promis bien d’ouvrir l’œil et de m’en souvenir désormais.

Les disciplinaires se lèvent le matin en même temps que les hommes du détachement. Après avoir pris le café, ils sont rassemblés, fractionnés par groupes, et se rendent sous la surveillance de leurs gradés et de quelques hommes de garde à leurs travaux habituels, tels que : transporter des matériaux de construction, maçonner, jardiner, réparer une route et toutes autres besognes qui peuvent être nécessaires. Cela dure jusqu’à dix heures du matin ; à ce moment, ils sont reconduits à leur camp pour déjeuner. Leur nourriture est la même que celle des hommes chargés de les garder, y compris le quart de vin journalier auquel tout soldat a droit dans le Sud-Oranais. De onze heures à deux heures : nettoyage, inspection de propreté par les gradés ou par le commandant de la discipline ; ensuite, théorie, la même qu’on fait aux hommes dans une compagnie. De deux à cinq heures du soir, continuation des travaux. A cinq heures, dîner. Après le dîner, les hommes conversent entre eux jusqu’à la tombée de la nuit. Deux jours par semaine sont consacrés à des exercices en armes. Dimanche et jours fériés, repos. Les disciplinaires touchent la même solde que les hommes au régiment ; tous les jours, deux d’entre eux vont avec un gradé à la cantine faire des achats pour leurs camarades. Ils peuvent acheter de tout, excepté des boissons. En matière de punitions disciplinaires, ils n’ont que la prison et la cellule. La prison est la même qu’au régiment. La cellule consiste en une petite tente-abri pour une personne. Le stage réglementaire à