Page:Lepelletier - Émile Zola, 1908.djvu/169

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blanc et or de l’architecte Grindot.) Eh bien ! justement, dans l’ameublement de notre naturaliste d’aujourd’hui, le romantisme des premières années a persisté… C’est surtout dans son appartement de la rue de Boulogne, où il habite depuis 1877, que Zola a pu contenter d’anciens rêves. Ce ne sont que vitraux Henri II, meubles italiens ou hollandais, antiques Aubussons, étains bossués, vieilles casseroles de 1830. Quand le pauvre Flaubert venait le voir, au milieu de ces étranges et somptueuses vieilleries, il s’extasiait, en son cœur de vieux romantique. Un soir, dans la chambre à coucher, je lui ai entendu dire avec admiration : J’ai toujours rêvé de dormir dans un lit pareil… c’est la chambre de Saint-Julien l’Hospitalier !… Médan avait le caractère moins pompeux, moins musée, que le logis parisien, et nulle préoccupation de style, ou même de tonalité générale, n’avait présidé à son ameublement. Mais Zola s’y plaisait, et il avait bien raison de se meubler à son goût, selon sa fantaisie. C’est un petit village des environs de Poissy, que ce Médan, qui n’avait pas d’histoire, et qui est devenu notoire comme un champ de bataille. C’est déjà la grande banlieue. Poissy, avec ses pêcheurs à la ligne, Villennes et son Sophora aux vastes ramures éployées sur les tables du restaurant, forment l’extrême frontière, de ce côté, de la zone banlieusarde, hantée, le dimanche, de bandes tapageuses et pillardes de Parisiens lâchés. Une population estivale d’employés et de commerçants, prenant le train chaque matin de semaine, revenant le soir, les affaires terminées et le bureau fermé, se trouve encore à Poissy, à Villennes, mais c’est son point terminus. À Médan, on est à la campagne. Sur l’autre rive, commence le Vexin français, théâtre des vieilles pilleries anglaises, et la verdure plus verte et les troupeaux plus denses donnent une idée de la grasse Normandie. Pas