Page:Lepelletier - Émile Zola, 1908.djvu/181

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l’exhumer de là ? Il disparaîtrait, enfoui sous les cartons verts et les papiers administratifs. Il refusa donc la situation officielle qui lui était offerte, et, quand l’Assemblée nationale rentra à Paris, il la suivit. Il conservait sa place de rédacteur parlementaire à la Cloche, et cela lui paraissait suffisant et agréable. Au milieu de ces cataclysmes nationaux et de ces péripéties domestiques, Zola, qui avait déjà fourni au Siècle un roman, pour être publié en feuilleton, la Fortune des Rougon, se disposa à en donner un second dans la Cloche de Louis Ulbach, où il était chargé du compte rendu des séances de l’Assemblée nationale. La Curée avait été commencée avant la guerre. Elle ne fut terminée qu’en 1872, après une interruption dans la publication du feuilleton, motivée par des tracasseries policières. Les magistrats de l’empire, qui poursuivaient, en 1858, Gustave Flaubert et Madame Bovary pour immoralité, avaient été changés ou s’étaient changés eux-mêmes. Ils étaient presque tous devenus, de forcenés bonapartistes qu’ils étaient, des fervents républicains, dès le soir même du 4 septembre 1870, mais l’esprit de la magistrature était demeuré le même : hostile à la littérature. Parquets et tribunaux qualifiaient de délit contre la morale toute tentative d’artiste pour montrer la société à nu, et ôtant le masque humain, laisser voir le fauve qui est dessous. La publication de la Curée en librairie fut ajournée, suivant le retard de la Fortune des Rougon, qui n’avait pu paraître à temps, à raison de la guerre et de circonstances spéciales à l’auteur et à l’éditeur. Cet éditeur était Lacroix, l’ancien associé de Verbœckhoven pour la Librairie Internationale. Zola était entré en rapports avec lui, pour les Contes à Ninon. Ils avaient