Page:Lepelletier - Émile Zola, 1908.djvu/213

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Zola se targuant de sa documentation, était un procédé piquant de polémique. Les rieurs furent du reste du côté de Sarcey. Si j’évoque ce duel de plume entre le romancier-dramaturge et le critique célèbre, c’est que le coup de massue asséné par Zola, dans le Figaro, sur la « caboche » de Sarcey, demeure, le livre en gardant la trace, tandis que, pour retrouver la riposte du journaliste, il faut aller fouiller la collection du Temps et relire le feuilleton du 7 mars 1887. N’est-il pas juste qu’à côté du réquisitoire de Zola le livre, à son tour, garde la trace du plaidoyer de Sarcey ? Vous prétendez, écrivait donc le critique du Temps, que j’ai accueilli avec rudesse et mauvaise humeur l’Assommoir, à son origine, et que, plus tard, averti par le succès du drame, après les 300 représentations qu’il avait obtenues, je l’ai tenu pour un chef-d’œuvre. Ni l’une ni l’autre de ces deux assertions ne sont conformes à vérité. Il est facile de me mettre en contradiction avec moi-même, en prenant, tantôt dans la première partie de mon article, qui est fort élogieuse, et tantôt dans la seconde, qui est de vive critique. Vous le faites, sans y prendre garde, car vous avez ce réalité, de ne voir que les images qui s’en impriment dans votre cerveau. Ce sont les visions qui se forment en vous-même que vous observez, et d’un œil qui les grossit démesurément. Vous parlez toujours de la vérité vraie, et vous êtes un homme d’imagination, qui prend pour vérité les hallucinations écloses d’une cervelle toujours en mouvement. C’est ainsi que, dans Nana, vous nous avez peint des mœurs de théâtre qui nous ont si fort étonnés, nous qui vivons dans ce milieu spécial. C’est ainsi que, l’autre soir, au Théâtre de Paris, vous avez vu, à la scène de l’enfant, toute une salle debout et battant des mains, quand nous autres, qui ne sommes point naturalistes, nous l’avons vue battre des mains, tout tranquillement assise, comme c’est l’habitude. Il y a quelques années, vous donniez, à Cluny, une comé