Page:Lepelletier - Émile Zola, 1908.djvu/226

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de Théodore de Banville, et dont Zola s’égayait ainsi : Un type amusant, le critique qui a une réputation énorme dans les coulisses littéraires, disait-il, et qui ne laisse tomber que trois ou quatre pages, chaque année, comme il laisserait tomber des perles… Le public l’ignore absolument. Cela n’empêche pas qu’il soit une illustration… Duranty, pour Zola, était une autorité. Il avait conservé une déférence à son égard, qui remontait au temps où, commis-libraire, il empaquetait des bouquins sur les comptoirs de la maison Hachette. Ce fut le premier homme de lettres avec qui il échangea des saluts, puis des idées. On peut dire que Duranty fit partie du groupe initial des amis de Zola, celui des Provençaux, compagnons de jeunesse, auxquels il convient d’ajouter Paul Alexis et Antony Valabrègue, le poëte mélancolique de la Chanson de l’Hiver, critique d’art distingué. Paul Alexis a esquissé les entrevues initiales de Duranty et du commis de Hachette et Cie, qui n’était alors que l’auteur inédit des Contes à Ninon. Le croquis est précis et vivant : Zola voyait quelquefois entrer dans son bureau un petit homme aux extrémités fines, froid, très correct, très raide, fort peu communicatif, qui lui demandait les livres nouvellement parus pour en rendre compte dans un journal de Lyon. Puis, en attendant qu’on lui apportât les volumes, le petit homme aux façons sèches, mais aristocratiques, prenait une chaise et s’asseyait sans rien dire. C’était Duranty. Si peu liant qu’il fût, Duranty devint plus tard un ami de Zola, quand celui-ci l’eut rencontré de nouveau dans l’atelier de Guillemet… À chaque œuvre nouvelle, j’ai vu Zola se poser avec curiosité cette interrogation : Qu’en pensera Duranty ? Edmond Duranty, né à Paris le 5 juin 1833, passait