Page:Lepelletier - Émile Zola, 1908.djvu/229

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telle direction d’études est justifiée par la raison, les besoins de l’intelligence et l’intérêt du public, et qu’elle est exempte de tout mensonge, de toute tricherie… Cette reproduction doit donc être aussi simple que possible, pour être comprise de tout le monde. Duranty et ses amis étaient de farouches niveleurs. Ils attaquaient, avec la bonne foi, l’emballement et la présomption de la jeunesse, tout ce qui se trouvait, non pas seulement devant eux, au-dessus d’eux, mais à côté d’eux. Ils ne se contentèrent pas de vouloir déboulonner Victor Hugo, —Duranty et Thulié livrant un assaut de Gulliver au géant, ça semble comique aujourd’hui, c’était odieux et fou, en 1856, —-mais, au nom du Réalisme, ils éreintèrent aussi Stendhal et Gustave Flaubert ! Zola, indulgent envers Duranty et ses amis, ne va pas cependant jusqu’à les approuver dans leurs fureurs d’iconoclastes, auxquelles justement il attribue leur insuccès : … Une autre faute regrettable était de s’attaquer violemment à notre littérature entière. Jamais on n’a vu pareil carnage. Balzac n’est pas épargné… Quant à Stendhal, il n’est pas jugé assez bon réaliste… La note la plus fâcheuse est une courte appréciation de Madame Bovary, qui venait de paraître, d’une telle injustice qu’elle étonne profondément aujourd’hui. Comment les réalistes de 1856 ne sentaient-ils pas l’argument décisif que Gustave Flaubert apportait à leur cause ? Eux étaient condamnés à disparaître le lendemain, tandis que Madame Bovary allait continuer victorieusement leur besogne, par la toute puissance du style… Le Réalisme disparut faute de fonds, faute de lecteurs. Edmond Duranty publia ensuite des romans, dont les deux principaux sont : le Malheur d’Henriette Gérard et la Cause du beau Guillaume : tous deux parurent en 1861 et 1862. Depuis, Duranty ne produisit