Page:Lepelletier - Émile Zola, 1908.djvu/453

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et ne font qu’un ou deux enfants à leurs femmes. Ils souffrent, tous ces malthusiens, et se trouvent justement punis, quand la mort frappe à leur porte et vient frôler les berceaux, n’ayant pas, comme Mathieu et Marianne, des bébés de rechange. Des pages puissantes, et d’une haute portée sociale sur les louches maisons d’accouchements, où l’on pratique l’avortement à seringue continue, et surtout sur les bureaux de nourrice, et les meneuses, ces grands pourvoyeurs de la mortalité infantile, sur le trafic abominable des nourrissons qu’on envoie au loin dans des villages meurtriers, qui ne sont que des cimetières de petits Parisiens, donnent de l’intérêt, et une haute portée moraliste à ce livre, dont la thèse principale est juste, mais exagérée et rendue presque insupportable. Zola a aussi très vivement dénoncé la fâcheuse manie de l’opération chirurgicale, mettant la femme à l’abri des charges de la maternité, opération si légèrement consentie, et recommandée avec tant de désinvolture par les praticiens à leurs belles et inquiètes clientes. C’était devenu une fureur, une manie, cette ablation sexuelle. « Mais les ovaires, ça ne se porte plus, ma chère ! » disait une de ces opérées à une bonne amie, qu’elle s’efforçait de conduire chez le châtreur à la mode. La peur de l’enfant, beaucoup plus que le souci de la guérison d’un kyste tenace, guide la plupart de ces femmes, qui vont prier un médecin de les débarrasser du chou sous lequel on récolte les bébés. Il y a là en effet un mal social, et le blâme de l’écrivain, compliqué de la terreur qu’il inspire en faisant de la décrépitude prématurée, ou de la mort soudaine, la punition de l’opérée, peut être d’un salutaire effet. Zola a donc rempli une bonne besogne de moraliste,