Page:Lepelletier - Émile Zola, 1908.djvu/455

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comme une maladie pour l’individu, et c’est bien près d’être un fléau pour la collectivité. Zola a pour lui le sénateur Piot, et aussi les économistes à courte vue, tablant sur le maintien indéfini de l’ordre des choses contemporaines. Le romancier nous montre les désordres et les désastres de l’infécondité, mais la surproduction n’est-elle pas chargée de méfaits aussi ? La fécondité déréglée serait la pire catastrophe. Pour la France notamment, où l’homme est casanier, rebelle à l’émigration, s’il y avait beaucoup de ces Mathieu et de ces Marianne du roman de Zola, ce serait une désolation : l’inondation humaine causerait autant de ruines que les débordements de la Loire et de la Garonne. Fécondité, ce serait bien vite un vice, déguisé sous un nom de vertu. Dans le langage cru des victimes de la faiblesse prolifique, de l’imprévoyance génésique, c’est sous un autre terme plus brutal qu’on désigne cette diarrhée créatrice : le lapinisme. Les socialistes préoccupés du devenir de l’ouvrier, les économistes, soucieux du maintien de l’équilibre des classes moyennes, les grands industriels, les fondateurs de puissants établissements financiers et commerciaux, redoutant le morcellement continu des capitaux, l’éparpillement des ressources du pays, la disparition, par les partages et les liquidations, après succession, des usines, des exploitations agricoles, des maisons de banque et de commerce, tous ces facteurs différents, séparés et souvent antagonistes, de la prospérité de la France, considèrent le nombre des enfants comme une diminution de richesse, un affaiblissement pour les familles aisées, une calamité pour les pauvres. Toutes les classes sont menacées par cette fécondité préconisée par Zola. La beauté des femmes saccagée,