Page:Lepelletier - Émile Zola, 1908.djvu/470

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

d’isolement, son horreur des cohues, des cérémonies, des banquets, des réceptions et des milieux mondains, malgré son dédain, peut-être moins réel qu’il ne le prétendait, des présidences, des honneurs officiels et des dignités, Zola accepta parfaitement d’être, à un moment donné, nommé président de cette société des Gens de Lettres à l’écart de laquelle il s’était si longtemps tenu. Alphonse Daudet et Ludovic Halévy y furent ses parrains. Il s’acquitta avec sa ponctualité ordinaire de ses fonctions présidentielles. Il entrait même si bien dans la peau du personnage, chargé de veiller avaricieusement sur les intérêts de la société, qu’il lui arriva de prononcer, sans sourciller, des sentences qui devaient le blesser dans ses sentiments humanitaires, dans ses tendances vers un socialisme éducateur et généreux. Ainsi, je dus un jour comparaître devant lui, comme sociétaire, à la suite d’une infraction aux règlements. J’avais laissé reproduire, par le journal le Parti ouvrier, un de mes articles, et cet organe socialiste n’avait pas de traité avec les Gens de Lettres. Je refusais de donner mon pouvoir à l’avoué de la Société, et de laisser poursuivre ce journal en justice. Zola m’appliqua sans hésiter la pénalité au maximum, pour les infractions de ce genre, cinq cents francs d’amende, bien que je fusse un ami personnel de longue date, et qu’au fond il dût approuver le cadeau que j’avais fait à ce journal populaire, et peu millionnaire, de mes articles reproduits dans un but de propagande républicaine. Mais il défendait strictement les intérêts financiers de la Société qui l’avait mis à sa tête. Il accepta pareillement, avec grande satisfaction, la Croix de la Légion d’honneur (14 juillet 1888), puis la rosette d’officier.