Page:Lepelletier - Émile Zola, 1908.djvu/476

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée


Il écrivit, à ce propos, à Mlle Adrienne Neyrat, directrice du journal l’Ami des Bêtes, la touchante lettre suivante : Mademoiselle, Je vous envoie toute ma sympathie pour l’œuvre de tendresse que vous avez entreprise, en faveur de nos petites sœurs, les bêtes. Et puisque vous désirez quelques lignes de moi, je veux vous dire qu’une des heures les plus cruelles, au milieu des heures abominables que je viens de passer, a été celle où j’ai appris la mort brusque, loin de moi, du petit compagnon fidèle qui, pendant neuf ans, ne m’avait pas quitté. Le soir où je dus partir pour l’exil, je ne rentrai pas chez moi, et je ne puis même pas me souvenir si, le matin, en sortant, j’avais pris mon petit chien dans mes bras, pour le baiser comme à l’habitude. Lui ai-je dit adieu ? Cela n’est pas certain. J’en avais gardé la tristesse. Ma femme m’écrivait qu’il me cherchait partout, qu’il perdait de sa joie, qu’il la suivait pas à pas, d’un air de détresse infinie. Et il est mort en coup de foudre. Il m’a semblé que mon départ l’avait tué ; j’en ai pleuré comme un enfant, j’en suis resté frissonnant d’angoisse, à ce point qu’il m’est impossible encore de songer à lui, sans en être ému aux larmes. Quand je suis revenu, tout un coin de la maison m’a paru vide. Et, de mes sacrifices, la mort de mon chien, en mon absence, a été un des plus durs. Ces choses sont ridicules, je le sais, et si je vous conte cette histoire, Mademoiselle, c’est que je suis sûr de trouver en vous une âme tendre aux bêtes, qui ne rira pas trop. Fraternellement, ÉMILE ZOLA. Zola était très fier de sa qualité de membre de la Société protectrice des animaux. Il écrivait à ce sujet, en 1899, de Londres : Un des moments les plus heureux de ma vie a été celui-ci : en ma qualité de délégué du gouvernement à une assemblée générale de la Société protectrice des Animaux, j’ai accroché