Page:Lepelletier - Émile Zola, 1908.djvu/48

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et l’appui de M. Thiers à l’inventeur, qui revint à Aix, ayant l’espoir d’être soutenu par le gouvernement auprès des autorités provençales. On était en 1842. Ce fut en 1846 que, grâce à M. Thiers, l’ordonnance royale décrétant le canal d’Aix d’utilité publique fut rendue. La victoire était acquise. François Zola revint à Aix, bien portant, en pleine vigueur physique et intellectuelle, marié à une jeune femme qu’il adorait. Heureux de vivre et de travailler, il était de plus en plus confiant dans son œuvre. Rassuré sur l’avenir des siens, il avait la certitude de laisser, après lui, la renommée de ceux qui accomplissent une entreprise grandiose et durable. Il serait le créateur du canal d’Aix ! La fortune lui viendrait avec la gloire, complétant le bonheur domestique dont il jouissait déjà. Mais la destinée rarement permet à l’homme de le posséder, ce bonheur qu’il a rêvé, qu’il a été sur le point de conquérir. La vie fait banqueroute, et l’ouvrier, au moment de toucher son salaire, est congédié. Ces faillites du sort, absurdes autant que cruelles, sont les fatalités courantes de la vie. Au cours d’une visite matinale à l’un de ses chantiers, dans la gorge où déjà s’élevait le premier barrage, par une matinée glaciale de février, quand soufflait le mistral, l’ingénieur fut atteint d’une pleurésie. Il s’alita, et, en quelques jours, la mort avait détruit cette belle intelligence, et paralysé pour jamais cette énergie toujours prête. Dans la vulgarité d’une chambre d’hôtel, à Marseille, l’hôtel Moulet, rue de l’Arbre, où il descendait d’habitude, car on n’avait pu le transporter à Aix, chez lui, François Zola mourut, le 19 février 1847. Il avait cinquante et un ans. Il laissait une veuve de vingt-sept ans,