Page:Lepelletier - Émile Zola, 1908.djvu/99

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bon Musset !… dans ce Rodolpho, qui ne reconnaîtrait un frère de Rolla ! » Quelques exemples. Ce début n’était-il pas tout à fait dans la désinvolte manière du conteur en vers des aventures galantes et cavalières de don Paëz, avec la facture toutefois de Théophile Gautier, en son conte rimé d'Albertus : Par ce long soir d’hiver, grande était l’assemblée Au bruyant cabaret de la Pomme de Pin. Des bancs mal assurés, des tables de sapin, Quatre quinquets fumeux, une Vénus fêlée : Tel était le logis, près du clos Saint-Martin. C’était un bruit croissant de rires et de verres, De cris et de jurons, même de coups de poing. Quant aux gens qui buvaient, on ne les voyait point. Le tabac couvrait tout de ses vapeurs légères ; Si par enchantement le nuage, soudain Se dissipant, vous eût montré tous ces ivrognes, Vous eussiez aperçu, parmi ces rouges trognes, Deux visages d’enfants, bouche rose, œil mutin, À peine dix-huit ans. Tous deux portaient épée… Rodolpho et Mario, en buvant, se font des confidences. Mario apprend le nom et la demeure de la maîtresse de son ami, la belle Rosita. Rodolpho est sûr de la fidélité de la donzelle. Si on lui apprenait qu’elle le trompe avec son compagnon, il n’en croirait rien. Le portrait de cet éphèbe séducteur, buveur et un peu jobard, est tracé, d’après la méthode du peintre de Rolla : Vous eussiez vainement cherché dans la cité, Un buveur plus solide, une plus fine lame, Que notre Rodolpho, terrible enfant gâté, Toujours gai, buvant sec, sacrant par Notre-Dame, Amant de la folie et de la liberté. C’était le plus joyeux d’une bande joyeuse. Qui passait la jeunesse, attendant la raison,