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Page:Leprohon - Antoinette de Mirecourt ou Mariage secret et chagrins cachés, 1881.djvu/101

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monotone, si jamais tu as à regretter l’irrévocable passé, du moins ta soumission filiale et ta conscience seront pour toi un dédommagement.

— Lucille ! tu es très-contrariante aujourd’hui. Refuser un mariage secret avec le major Sternfield est une chose, et épouser Louis Beauchesne en est une autre.

— Oh ! tu verras que ces deux choses sont parfaitement les mêmes, chère cousine. Mon oncle de Mirecourt n’est pas un homme avec lequel on puisse badiner, et ton refus d’accepter le mari qu’il te choisit serait aussi inutile que les efforts du petit oiseau pour s’échapper de la main puissante qui veut le mettre en cage… Mais, chère enfant, tu parais fiévreuse ; couches-toi et dors : la nuit porte conseil.

Hélas ! c’est ce que fit Antoinette, au lieu de recourir à la source de lumière qui aurait infailliblement guidé ses pas au milieu des dangers qui l’environnaient.

Pendant les deux jours suivants, elle évita soigneusement de prononcer même le nom de Sternfield et d’avoir aucune conversation à son sujet avec madame d’Aulnay. Celle-ci commençait à croire que les chances du bel Anglais étaient bien risquées, quand arriva un secours inespéré d’une source dont on était loin d’en attendre.

C’était une lettre sévère et impérieuse de M. de Mirecourt dans laquelle celui-ci annonçait qu’il venait d’apprendre d’une dame récemment arrivée de Montréal les flirtations notoires d’Antoinette avec certain