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Page:Leprohon - Antoinette de Mirecourt ou Mariage secret et chagrins cachés, 1881.djvu/113

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joyeuse indiquait combien ces détails secondaires lui étaient indifférents dans ce moment. Durant la dernière heure, un rude combat, aussi violent que la tempête du dehors qu’elle regardait passer, s’était livré dans son cœur : de meilleures pensées, de bonnes inspirations avaient puissamment lutté contre les raisons qu’elle se donnait pour remplir sa promesse vis-à-vis de Sternfield. La lutte n’était pas encore achevée ; car madame d’Aulnay, justement alarmée de sa pâleur et du silence qu’elle observait ayant répété ce qu’elle venait de dire, Antoinette s’écria :

— Lucille, je ne puis, je n’ose pas m’aventurer dans ce sentier fatal. Ce serait une union maudite de Dieu et des hommes.

— Juste ciel ! enfant, s’écria Lucille presque avec impatience, que rêves-tu donc là ? Il est cinq heures ; le ministre et ton fiancé doivent arriver dans deux heures, et tu n’es pas encore prête !

Madame d’Aulnay se laissa tomber sur une chaise, en proie au plus grand étonnement et à la plus vive indignation. Les destinées d’Antoinette de Mirecourt étaient en ce moment dans la balance. Un mot de bon avis, un regard d’encouragement lui auraient donné la force nécessaire pour s’éloigner du précipice au bord duquel elle se trouvait. Mais, hélas ! ce mot ne fut pas prononcé, ce regard ne fut pas donné. Au contraire, sa compagne s’écria :

— Es-tu insensée, Antoinete ? es-tu tout-à-fait in-