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Page:Leprohon - Antoinette de Mirecourt ou Mariage secret et chagrins cachés, 1881.djvu/135

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XV.


La rencontre de M. d’Aulnay avec son parent fut très cordiale. Ils étaient amis depuis leur plus tendre jeunesse, et quoique différents de caractère sur plusieurs points, ils étaient également honorables et pleins de cœur.

Lorsque M. de Mirecourt annonça qu’il était sur le point de ramener sa fille avec lui à la campagne, son ami insista, avec une chaleur contre laquelle il n’était point préparé, pour que la promenade d’Antoinette ne fût pas abrégée ainsi sans raison et d’une manière aussi soudaine.

— Cela doit pourtant se faire, mon cher d’Aulnay. Ta maison est trop gaie pour une jeune fille de campagne ; je ne puis pas lui permettre de rester plus longtemps dans la compagnie des brillants militaires qui, m’a-t-on dit, ont leur entrée libre dans les salons de madame.

— Mais, assurément, là où je tolère ma femme, tu peux en toute sûreté tolérer ta fille ?

— Difficilement. Ma jolie nièce possède tout un arsenal d’expérience et une connaissance du monde que ma petite fille n’a pas encore eu le temps d’acquérir.

— Eh ! bien, malgré cela, tu ne refuseras pas de la laisser avec nous deux autres semaines, n’est-ce pas ?