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Page:Leprohon - Antoinette de Mirecourt ou Mariage secret et chagrins cachés, 1881.djvu/144

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Puis, avec frémissement :

— Ma promesse, dit-elle, est inviolable, car cette croix est un souvenir de ma mère mourante !

— Et je sais que tu la tiendras religieusement. Mais, assis-toi, chère Antoinette, nous allons causer ensemble tranquillement, comme si nous n’étions que de simples connaissances, comme si nous n’étions pas unis par un lien indissoluble sur cette terre.

Lorsque madame d’Aulnay revint, elle fut enchantée de voir Antoinette tranquillement occupée à son canevas, l’air aussi calme qu’autrefois, pendant qu’Audley, assis sur une ottomane près d’elle, lisait à haute voix dans un livre de poésies, des passages qu’il jugeait appropriés à la circonstance.

Ce tableau était un peu la réalisation de ce qu’elle avait rêvé pour sa jeune cousine ; il offrait quelque chose de ce mystère piquant d’intérêt qu’elle aimait tant. Passant la main sur les boucles de cheveux noirs du jeune homme, elle dit avec un demi soupir et un demi sourire :

— Que ne donneraient pas certaines femmes pour avoir un mari qui se ferait aussi charmant, aussi aimable !

Audley Sternfield jeta un coup-d’œil sur sa jeune femme. Les yeux baissés de celle-ci, le doux sourire qui courut sur ses lèvres, le léger incarnat qui s’étendit soudainement jusque sur son cou d’ivoire, lui indiquèrent que, elle aussi comme Madame d’Aulnay, le trouvait vraiment charmant.