Aller au contenu

Page:Leprohon - Antoinette de Mirecourt ou Mariage secret et chagrins cachés, 1881.djvu/152

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

que quelques mois d’expérience de la vie mondaine apprendrait à cette naïve enfant à déguiser des émotions qu’elle trahissait aussi ouvertement.

Si Antoinette eut été dans son état normal, si ses sourires enchanteurs avaient comme autrefois illuminé ses beaux traits, il n’y a pas de doute qu’Evelyn se serait de suite éloigné d’elle ; mais il avait connu, lui aussi, les douleurs et les chagrins, et, sombre misanthrophe comme il l’était, s’il fuyait les plaisirs du monde, il savait du moins compatir aux souffrances et aux chagrins des autres.

En ce moment, M. Chandos arriva avec un plateau bien garni, et tout en offrant des gâteaux à Antoinette, il exprima l’espoir qu’elle serait bientôt en état de l’accompagner au salon.

— Si mademoiselle de Mirecourt veut rester ici plus longtemps pour prendre un peu de repos, je serai heureux de l’attendre pour la reconduire au salon, dit le colonel Evelyn.

M. Chandos, engagé pour la danse suivante avec une jeune fille enjouée qui l’attendait probablement avec la plus grande impatience, mentionna cette circonstance et se retira.

Après avoir feint de goûter quelques fruits, Antoinette se leva, avec la pensée qu’elle ne devait pas maintenant rester seule avec le colonel Evelyn, ni avec un autre.

— Quoi ! déjà désireuses de partir, mademoiselle