Page:Leprohon - Antoinette de Mirecourt ou Mariage secret et chagrins cachés, 1881.djvu/154

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

lampes colorées en rose et rempli d’objets qui en faisaient un véritable boudoir, ils aperçurent le major Sternfield assis sur une causeuse près d’une jeune fille de seize ans, jolie et gracieuse, et dont l’air confus et les yeux baissés indiquaient qu’elle n’était pas familière avec le genre de conversation adulatoire à laquelle on semblait l’initier.

Comme ils passaient devant eux, Evelyn se mordit les lèvres.

— Admirez-vous le major Sternfield ? demanda-t-il brusquement

— Comme il est loin de se douter que le major Sternfield est maintenant le seul arbitre de ma destinée, de mon avenir ! pensa la pauvre Antoinette.

Soit qu’il n’eût pas remarqué son embarras, soit qu’il ne se souciât pas d’entendre sa réponse, le colonel continua :

— Sans doute vous l’admirez, et les trois quarts des dames qui sont ici ce soir en font probablement autant. Il est beau comme un Apollon, il a des manières irréprochables, il danse et il cause à ravir : assurément cela suffit. Cependant je préfère, pour ma part, rester sous l’imputation d’être un ennemi des femmes, comme vous m’avez dit que j’en avais la réputation, plutôt que d’être un homme de son caractère. Maintenant, je dois vous laisser, car je vois s’avancer un monsieur qui désire vous demander pour la prochaine danse ; aussi