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Page:Leprohon - Antoinette de Mirecourt ou Mariage secret et chagrins cachés, 1881.djvu/188

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pays. Vous êtes jaloux, ou vous voulez rester le seul cavalier irrésistible de la compagnie.

— Est-ce que vous l’appelez irrésistible ? dit d’un air moqueur Sternfield.

— Non, mais c’est un misanthrope, un homme mystérieux, ce qui vaut encore mieux.

Le militaire haussa les épaules, et, après deux ou trois minutes de discussion, il partit.

La matinée fixée pour la promenade était superbe. Madame d’Aulnay et sa cousine achevaient de déjeuner, lorsque Jeanne entra pour remettre à sa maîtresse une carte qu’elle venait de recevoir.

— Comment, le colonel Evelyn ! s’écria Lucille. Que peut-il y avoir sur la terre qui l’amène à une heure aussi matinale ?

La rougeur d’Antoinette augmenta d’intensité, mais n’offrit aucune solution à ce problème.

— Qu’allons-nous faire ? continua madame d’Aulnay. Les feux du salon sont à peine allumés. Je crois que nous ferions mieux de le recevoir ici. Oui, Jeanne, faites-le entrer dans cette salle… Sais-tu bien, Antoinette, que nous sommes vraiment charmantes dans ces gracieuses toilettes du matin ? Et puis, ce boudoir avec mes oiseaux et mes fleurs, est une vraie oasis. Décidément, c’est le meilleur local pour le recevoir.

Le visiteur entra, calme et majestueux. Il connaissait probablement l’arrivée d’Antoinette, car il ne manifesta aucune surprise en la voyant. Aussi l’aborda-t-il