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Page:Leprohon - Antoinette de Mirecourt ou Mariage secret et chagrins cachés, 1881.djvu/20

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fondis en pleurs. Cette circonstance trancha la difficulté. Papa revint sur sa première décision et déclara qu’il m’avait presque donné sa parole, et qu’à moins que je ne l’en dégageasse moi-même, il devait la tenir. Madame Gérard alors s’en prit à moi, et pendant deux jours, par ses prières et ses instances, elle m’a rendue très malheureuse. Un moment, je voulus faire le sacrifice de cette promenade et me rendre à ses prières, et j’étais bien près d’y céder, lorsque je reçus ta dernière lettre si bonne et si pressante. Après en avoir pris connaissance, j’embrassai tendrement Madame Gérard — pourquoi ne le ferai-je pas ? depuis ma plus tendre enfance elle a été pour moi une amie pleine d’affection, — et je la priai de me pardonner pour cette fois si je lui désobéissais. Elle a dit… Mais qu’importe ? me voilà !

— Et tu es très bien venue, ma chère petite cousine. Je déclare que je n’aurais eu ni le cœur ni le courage d’entrer dans la campagne de cette saison sans un auxiliaire aussi précieux que toi. Tu es une riche héritière, une jolie fille, de haute naissance : tu vas rencontrer ici l’élite même de ces élégants étrangers Anglais.

— Anglais ! répéta Antoinette en faisant un léger mouvement de surprise. Oh ! Lucille, papa en abhorre même le nom.

— Qu’est-ce que cela fait ? Si nous ne les avons pas, qui aurons-nous ? Nos chers officiers Français, ainsi