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Page:Leprohon - Antoinette de Mirecourt ou Mariage secret et chagrins cachés, 1881.djvu/236

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Antoinette ne répondit pas à cette sortie. Madame d’Aulnay continua rapidement :

— Juste ciel ! cet état, de choses est terrible, exceptionnel! Est-ce que tu appelles cela un mariage ?

— C’est un mariage que tu as fait toi-même, répondit amèrement la pauvre jeune mariée.

— Oui, j’en conviens, répondit madame d’Aulnay un peu déconcertée par cette réponse foudroyante. Mais, aussi, qui aurait pu imaginer que les choses prendraient cette tournure ? qui aurait pu prévoir que le beau et chevaleresque Audley deviendrait un pareil misérable ?

— Je t’ai déjà dit, Lucille, que je ne veux pas qu’on lui applique de semblables épithètes.

— C’est absurde ! et madame d’Aulnay releva la tête avec indignation. Je lui donnerai les épithètes qu’il mérite, au moins une fois, si tu m’obliges de me taire. Lui, mari ! en vérité, c’est un singulier échantillon de ce nom. Je te dis, ma pauvre petite cousine, que je vois clairement que tu ne l’aimes point, et je ne pense pas qu’il t’aime non plus, ou bien il agit comme s’il ne t’aimait pas, ce qui revient au même. Il ne te reste plus d’autre alternative que le divorce.

— Le divorce! répéta Antoinette ; depuis quand l’Église accorde-t-elle le divorce ? Le plus qu’elle ait fait, c’est d’avoir, dans des cas d’urgente nécessité permis aux époux de se séparer ; mais quand bien même il demeureraient aux deux extrémités de la