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Page:Leprohon - Antoinette de Mirecourt ou Mariage secret et chagrins cachés, 1881.djvu/271

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— Mais Il ne me l’a pas envoyée ! dit Antoinette avec une vive émotion : c’est moi qui, dans mon aveugle folie, l’ai cherchée et trouvée.

Porte la néanmoins avec un courage chrétien, mon enfant, et ta récompense n’en sera que plus grande. Ah ! Antoinette, je ne cherche pas à pénétrer tes secrets, il sont sacrés pour moi ; mais tout ce que je demande, c’est que tu ne mettes ton espoir qu’en Dieu seul.

— Vous parlez de secrets ; ah ! toute jeune que je sois, j’en ai un bien terrible, un secret dont le poids m’écrase, et j’ai été assez étourdie, assez insensée pour jurer sur ce signe qui m’est doublement sacré — et elle montrait la petite croix d’or suspendue à son cou — de ne le révéler jamais, à moins d’en avoir la permission. Sans cela, bonne et fidèle amie, je vous aurais tout dit avant aujourd’hui.

— Merci ! merci ! chère enfant. Que je suis heureuse de savoir que ton silence est le résultat de la nécessité et non d’un manque de foi ou de confiance en ta vieille amie. Loin de moi la plus légère pensée de t’induire à briser la promesse que tu as faite aussi solennellement, mais pardonne moi si je te dis de te mettre en garde contre ceux qui t’ont arraché cette promesse ; quelque chers qu’ils se soient rendus à tes yeux, quelles que soient leurs bonnes et nobles qualités, méfie toi d’eux, car ce n’est pas dans ton intérêt, mais dans le leur, qu’ils t’ont engagée d’une manière aussi formelle.