Aller au contenu

Page:Leprohon - Antoinette de Mirecourt ou Mariage secret et chagrins cachés, 1881.djvu/325

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Avec une énergie surprenante dans l’état où il se trouvait, le blessé se souleva sur son coude et la regarda un instant avec un étonnement indéfinissable qui se changea bientôt en une expression de colère épouvantable.

— Arrière, hypocrite, arrière ! s’écria-t-il d’une voix rauque. Comment as-tu pu prononcer le nom de mari ! As-tu jamais été ma femme autrement que de nom ? As-tu jamais rempli envers moi tes devoirs d’épouse ? M’as-tu jamais montré de l’amour ou de la soumission conjugale ?

— Audley ! Audley ! gémit-elle, soyez miséricordieux, soyez juste ; n’empirez pas ce moment solennel par des reproches cruels.

— Pourquoi es-tu venue ? interrompit-il plus aigrement encore. Est-ce pour assister à ma dernière agonie afin de t’assurer par toi-même qu’enfin tu es réellement libre ? Non, ce n’est pas l’amour qui t’a amenée ici ; car si tu en avais eu seulement une infime parcelle à mon égard, tu ne te serais pas moquée de mes prières et de ma tendresse, tu n’aurais pas méprisé mes droits et mes réclamations, comme tu l’as constamment fait avec la plus grande insolence depuis le jour où j’ai passé l’anneau nuptial dans ton doigt.

— Mais à qui en a été la faute ? — demanda-t-elle en joignant les mains et tout en pleurs. Ne vous ai-je pas dit que le jour même où vous me reconnaîtriez devant le monde pour votre femme, le jour où notre mariage serait de nouveau célébré, point capital sans lequel ma croyance et ma foi me disaient qu’il n’était