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Page:Leprohon - Antoinette de Mirecourt ou Mariage secret et chagrins cachés, 1881.djvu/327

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le docteur Ormsby en cherchant à calmer la surexcitation du blessé.

— Oui ! répondit sèchement celui-ci. Ce que je ne pourrais écouter d’aucun autre mortel, je puis l’entendre de votre bouche.

— Eh ! bien, mon cher ami, il me semble que vous êtes sévère, que dis-je ? injuste même à l’égard de cette jeune femme. — Et il posa, en disant cela, sa main sur le bras d’Antoinette qui était toujours à genoux. — Je me souviens parfaitement qu’elle vous a dit ce qu’elle vient de répéter, car elle m’a prié en même temps de lui servir de témoin.

— La même histoire ! toujours la même histoire ! riposta Sternfield d’un air bourru et en rejetant sa tête de côté. Reprends le chemin de ta demeure, Antoinette ; et vous, docteur, laissez-moi en paix : je suis fatigué de vous deux.

Pendant qu’il parlait, une pâleur mortelle se répandit sur sa figure ; Antoinette, terriblement effrayée, se leva.

— Ne craignez rien, s’empressa de lui dire le docteur Ormsby en essayant de la calmer : ce n’est qu’une faiblesse partielle ; il a eu une attaque semblable quelques minutes avant votre entrée et pendant que le docteur Manby était ici. Voici des remèdes.

Leurs efforts réunis parvinrent à ramener quelque chose comme de la vie sur |es traits livides de Sternfield, et le ministre, craignant que la vue d’Antoinette fût de nature à renouveler l’agitation du blessé, la fit placer derrière un écran à l’autre extrémité de la chambre.