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Page:Leprohon - Antoinette de Mirecourt ou Mariage secret et chagrins cachés, 1881.djvu/345

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— Oui, mais je me rétablis rapidement, — répondit-elle en faisant un effort désespéré pour se composer un maintien et en retirant ses mains que le colonel tenait encore.

Un silence suivit, silence presque pénible pour la jeune femme nerveuse et agitée, car les yeux du militaire étaient fixés sur elle, et sous leur influence elle se sentait singulièrement confuse. Enfin, d’une voix dont les tremblements involontaires disaient que lui aussi subissait une vive émotion, il reprit :

— Me pardonnerez-vous, Antoinette, si, au risque de vous peiner, je fais un retour sur le triste passé, sur cet étrange secret qui a fait plus d’un malheureux ?… Est-ce que… votre mariage avec Audley Sternfield était la seule raison qui vous a fait rejeter mes propositions ?

Antoinette devint mortellement blême et appuya ses mains sur sa poitrine comme pour maîtriser son agitation.

— Colonel Evelyn, dit-elle enfin, ne me parlez pas de ma folie passée, du moins jusqu’à ce que j’aie acquis assez de forces pour soutenir les allusions qu’on pourrait y faire. Combien vous avez dû vous étonner de ma démence ! combien vous avez dû me condamner et me mépriser !

Sa seule réponse fut de l’attirer vivement à lui, et, la prenant ardemment sur son cœur :

— Ma chère lui dit-il à l’oreille, après