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Page:Leprohon - Antoinette de Mirecourt ou Mariage secret et chagrins cachés, 1881.djvu/43

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qui, à mes yeux, constitue le plus grand et le plus impardonnable de ses crimes (ici le galant militaire sourit en signe de désaveu formel), c’est qu’il déteste souverainement les femmes. Un désappointement d’amour qu’il aurait éprouvé dans sa première jeunesse et dont aucune de nous ne connaît les détails a aigri son caractère à un tel degré, qu’il ne cache plus son aversion dédaigneuse pour les filles d’Eve qu’il déclare toutes également perfides et trompeuses. Pardon, mademoiselle de Mirecourt, de proférer en votre présence des sentiments que je condamne énergiquement de toute mon âme ; mais vous m’aviez ordonné de parler, et je n’avais d’autre alternative que celle d’obéir… Mais, voici M. de Laval qui vient solliciter son introduction.

La formule d’usage fut prononcée, la main d’Antoinette demandée pour la danse qui allait commencer et Sternfield se retira en murmurant à l’oreille de la jeune fille :

— Je laisse la place avec un tel regret, mademoiselle, que je me risquerai bientôt à la réclamer de nouveau.

Si le major Sternfield avait choisi son successeur dans l’intention de se faire ressortir davantage, son choix n’aurait certainement pas été plus judicieux.

L’honorable Percy de Laval était un jeune homme de vingt et un ans, aux cheveux dorés, au teint rose, aux traits délicats. Récemment mis en possession