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Page:Leprohon - Antoinette de Mirecourt ou Mariage secret et chagrins cachés, 1881.djvu/88

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fille. Lorsque, après la veillée, Antoinette se leva pour souhaiter, suivant son habitude, une bonne nuit à sa cousine, celle-ci s’empara de sa main, et remarquant avec une feinte surprise l’anneau qui brillait à l’un de ses doigts, elle l’embrassa d’une manière significative et lui fit de joyeuses félicitations auxquelles la pauvre Antoinette ne répondit que par une légère pression de main.

Un jour ou deux après, Jeanne vint annoncer au salon une visite pour Mademoiselle de Mirecourt. L’air heureux et satisfait dont elle s’acquitta de cette tâche offrait un contraste frappant avec le ton rechigné par lequel elle annonçait la visite des officiers de Sa Majesté le roi Georges, pour lesquels, individuellement et collectivement, elle se sentait une profonde antipathie.

— Qu’est-ce, Jeanne ?

— C’est, mademoiselle, un jeune monsieur bien plus charmant que tous ceux que nous avons vus dans cette maison depuis quelque temps.

Madame d’Aulnay sourit tranquillement en entendant ces paroles peu polies, mais elle n’en fit aucune observation.

Après une pause, Jeanne reprit :

— Je suis certaine que mademoiselle sera contente de voir M. Beauchesne.

— Louis Beauchesne ! répéta la maîtresse de céans. Oh ! Antoinette, il apporte probablement quelque lettres, quelque message spécial de chez toi. Aussi, je