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Page:Lermontov - Un héros de notre temps, Stock, 1904.djvu/124

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lumai ; j’y pris ensuite mes hardes, les plaçai dans un coin avec mon sabre et mon fusil et déposai mes pistolets sur la table ; puis j’étendis mon manteau sur un banc et mon cosaque le sien sur l’autre. Dix minutes après il ronflait, tandis que je ne pouvais m’endormir. Devant moi, dans les ténèbres, tout se changeait en enfant aux yeux blancs.

Environ une heure s’écoula ainsi. La lune brillait par la fenêtre et ses rayons se jouaient sur le plancher, en terre de la masure. Soudain, sur la ligne éclairée, qui le partageait une ombre passa. Je me soulevai un peu et regardai par la croisée ; quelqu’un, pour la seconde fois, glissa près de moi, et se cacha Dieu sait où. Je ne pouvais supposer que cet être avait fui sur le bord du rivage à pic en cet endroit, et cependant il n’avait pu aller ailleurs. Je me levai, me couvris d’un vêtement, et après avoir suspendu mon poignard à ma ceinture, je sortis à pas de loup de la cabane. Je m’étais caché derrière une cloison lorsque l’enfant passa près de moi avec une allure sûre et prudente ; sous son bras il portait un paquet, et tournant vers le port, il se mit à descendre un sentier étroit et escarpé.