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Page:Lermontov - Un héros de notre temps, Stock, 1904.djvu/228

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cou en guise de col et la partie raide fort élevée soutenait son menton et dépassait le bord de son collet d’habit. Comme elle lui paraissait encore trop basse, il l’a tirée en haut et l’a fait monter jusqu’à ses oreilles. À la suite de ce travail pénible, car le collet de sa tunique était étroit et peu aisé, le sang lui est venu au visage.

« On m’a dit que tous ces jours-ci, tu avais fait sérieusement la cour à ma princesse ; m’a-t-il dit négligemment et sans me regarder.

— Où veux-tu que des sots comme nous aillent boire le thé ?[1] ai-je répondu, en répétant l’expression connue de l’un de nos plus adroits mauvais sujets, rappelée quelquefois par Pouchkine.

— Dis-moi, mon uniforme me va-t-il bien ? Ah ! gredin de juif ! il m’étouffe sous les aisselles. Tu n’as pas de parfums ?

— Voyons ! est-ce qu’il t’en faut encore ? tu sens cependant déjà pas mal la pommade à la rose.

— Ce n’est rien ; donne m’en encore un peu.

  1. Expression russe qui signifie : ce bonheur n’est pas fait pour nous.